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Le Blog de Daniel HUE le Crouycien
28 mars 2015

Michel Courtois, l'autre "victime" du "tueur de l'Essonne"

Logo AFP

Genou dans le dos, fusil à pompe sur la nuque: "Bouge pas connard !" Ce 1er décembre 2011, Michel Courtois est arrêté, à tort, pour le premier des quatre meurtres imputés à Yoni Palmier, le "tueur de l'Essonne", jugé à Evry à partir de mardi.

"Il devait être six heures moins dix, j'allais me lever pour aller au travail", se remémore cet ouvrier du bâtiment de 49 ans, qui réclame aujourd'hui 600.000 € à la justice. "Et j'ai entendu un boum": sa porte d'entrée, fracassée.

Il est interpellé dans son lit, chez lui, à Bois-Colombes (Hauts-de-Seine). "Ils m'ont menotté. Je ne savais pas ce qui m'arrivait", témoigne-t-il. "Ils avaient bouclé le quartier avec des policiers cagoulés".
Il observe, stupéfait, les enquêteurs "fouiller partout", son logement, sa cave, sa camionnette, à l'aide d'un chien policier, puis demande: "Mais qu'est-ce que j'ai fait ?"

"T'inquiète pas, on va t'expliquer..."

Quatre jours plus tôt, le corps de "son ex", Nathalie Davids, 35 ans, a été retrouvé dans un parking de Juvisy-sur-Orge (Essonne), où elle vivait, atteint d'au moins sept balles de pistolet.

L'entourage de la jeune femme prétend que Michel Courtois la harcelait. Lui évoque une simple "relation sexuelle". "Elle m'appelait quand elle voulait me voir..."

En garde à vue, les enquêteurs lui disent posséder "des preuves irréfutables", notamment "des traces de poudre" sur ses vêtements : au final des restes de ponçage et de soudure.

"Complètement déboussolé", il avoue.

"Le policier posait une question et je répondais oui ou non", raconte cet homme fruste, aux traits burinés et aux grands yeux bleu ciel. "Je ne savais pas sur quelle planète j'habitais".

Il clame à nouveau son innocence dès le lendemain devant un juge, mais part, malgré tout, à Fleury-Mérogis. Un mobile crédible, des aveux : il est le suspect idéal, pour la justice et la presse.

- Seul à sa sortie de Fleury -

Premiers pleurs en cellule --"J'ai pensé à mon fils"-- puis détention banale pour ce détenu "discret". Jusqu'au 22 février 2012, deux mois après son arrivée : un homme est tué d'une balle dans la tête, dans le même parking où a été assassinée Nathalie Davids.

Deux autres victimes suivent, en mars et en avril, à quelques kilomètres de là. Une même arme pour les quatre meurtres. De quoi l'innocenter. Mais malgré l'arrestation de Yoni Palmier et des demandes de libération, Michel Courtois reste en détention.

"Au troisième meurtre, j'étais comme un petit prince en prison", glisse-t-il cependant. "Quand vous êtes innocent, les gens (gardiens et détenus) vous soutiennent". A disposition en cellule, un lecteur DVD et une PlayStation.

"Courtois ! Libérable !", lui annonce finalement un gardien un jour de juin, à sa plus grande surprise. Faute d'avoir établi un lien avec Yoni Palmier, la juge en charge du dossier le libère.

"Mais elle nous l'a fait à l'envers. Elle avait prévenu personne", peste Michel Courtois, qui se retrouve seul à sa sortie de Fleury et doit rejoindre le RER à pied.

Retour à la vie délicat : un doute subsiste dans l'esprit des gens, dit-il, même maintenant qu'il est totalement blanchi.

"J'ai perdu mon boulot à cause de ça", affirme-t-il. "La justice m'a mis dans une grosse galère. Je dois des sous aux impôts, des mois de loyer".

Il maugrée contre sa première avocate, qui ne l'aurait pas défendu le jour des aveux, et la juge d'instruction, responsable selon lui de ses six mois de détention.

Il réclame 600.000 € de dédommagement, mais en espère "200 ou 250.000". "Faut bien qu'ils payent leurs erreurs, aussi !"

zap/at/bir

 

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