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Le Blog de Daniel HUE le Crouycien
27 mars 2015

Des municipales aux départementales, le gouvernement a renversé sa stratégie

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Ne pas nationaliser les enjeux en 2014 n’avait pas empêché le PS de perdre. Le faire en 2015 ne permet pas d’espérer gagner.

D’un extrême à l’autre. Et de l’art de réviser du tout au tout ses stratégies de campagne. Pour les départementales, l’exécutif a pris le parti d’adopter la tactique inverse de celle qu’il avait retenue en 2014 en vue des municipales. «Valls a fait du benchmarking, note un proche du premier ministre. On avait essayé la “localisation” des enjeux en 2014, et cela n’avait pas marché. On a donc tenté autre chose».  Pour le même résultat ?

Flashback : à quelques semaines des municipales, François Hollande ambitionnait, et ne s’en cachait guère, d’enjamber le scrutin. Au point que celui-ci avait été envisagé, au mieux avec une légèreté certaine, au pire avec une forme d’inconscience. Pendant la campagne, «le pouvoir n’avait pas bougé», rappelle un ténor de la majorité. Le parti pris de l’époque : ne surtout pas nationaliser la bataille pour éviter aux candidats locaux de subir l’impopularité du gouvernement – en rester à des enjeux strictement municipaux. En termes d’implication, les ministres, à commencer par le premier d’entre eux, s’étaient montrés fort économes de leurs déplacements. Et les experts socialistes de la carte électorale avaient très largement sous-estimé les pertes possibles.

«Front nationaliser» le débat

D’où un choc d’une grande violence, avec plus de 150 villes de plus de 9 000 habitants perdues par la gauche au second tour. Loin d’enjamber le vote, le président avait trébuché, contraint de se séparer de Jean-Marc Ayrault pour le remplacer par Manuel Valls.

L’exécutif, cette fois, a abordé les opérations électorales à l’envers. Manuel Valls a entrepris de nationaliser, et même de «front nationaliser» l’enjeu, le score du FN étant devenu central dans le discours de l’exécutif. Le premier ministre entendait faire peur, et ramener ainsi aux urnes les électeurs socialistes qui ne s’étaient pas déplacés un an plus tôt. François Hollande est également descendu dans l’arène, à sa façon, annonçant l’imminence du retour de la croissance. Les ministres se sont dépensés sans compter, jusqu’à cette semaine d’entre-deux-tours. Et les pronostics des spécialistes de la rue de Solférino, cette fois, étaient particulièrement alarmistes, certains allant jusqu’à annoncer la chute de 35 conseils généraux socialistes.

Voilà qui permettra sans doute cette fois à l’exécutif, avec des pertes estimées allant de 20 à 30 départements au second tour, d’annoncer que sa stratégie a permis de «déjouer les pronostics». «A force, on finit par maîtriser la société de communication dans laquelle on vit», s’amuse un ami du chef du gouvernement. Dans la bataille d’interprétation des résultats, l’efficacité de la tactique du premier ministre sera bien sûr discutée et disputée, certains hurlant au «déni de réalité» électorale, d’autres soulignant l’impact positif de l’implication du premier ministre. «Si Valls n’avait pas fait ça, nous n’aurions pas atteint les 20 % dans certaines régions», juge un poids lourd du groupe PS à l’Assemblée. Le débat ne manquera pas de rebondir dans les prochains jours.

Pas de «bougé politique»

Il y a cependant une exception à ce retournement intégral de stratégie : en 2015, comme en 2014, l’Elysée annonce un minimum d’évolutions au gouvernement – mais vingt-quatre heures après le second tour des municipales, Jean-Marc Ayrault sautait. Cette fois encore, François Hollande l’a claironné lui-même : il n’y aura «pas de changement, ni de ligne ni de premier ministre». «Il ne se passera rien la semaine prochaine en termes de bougé politique», annonce déjà un proche du président. «On n’est pas du tout sur des changements substantiels», pense un ministre, qui attend «le mouvement de fond, avec des équilibres politiques différents et des personnalités comme les écologistes qui rentrent de manière significative, plutôt après les régionales».

Cette stabilité annoncée résistera-t-elle à une défaite de plus grande ampleur, dimanche soir ? Nonobstant le renversement de tactique, on peut déjà repérer une constante entre les départementales et les municipales : la défaite, même si elle se révèle moins retentissante, demeure au bout de la campagne.

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