Départementales 2015 : "Au FN, on n'a pas trop de programme"
Les témoignages de plusieurs candidats FN recueillis par un journaliste local dans les Deux-Sèvres illustrent leur amateurisme complet. Sidérant.
Décidément, la campagne des élections départementales vue du côté du FN réserve bien des surprises. Constatant la très grande discrétion des candidats frontistes dans son département des Deux-Sèvres, un journaliste de La Nouvelle République s’est lancé à la recherche de plusieurs d’entre eux. Une initiative qui valait le détour tant celle-ci révèle l'amateurisme de ces derniers.
Pour mettre la main sur le numéro de téléphone de l'un d'eux, le journaliste a dû consulter les Pages jaunes. A 73 ans, Georges Ballu est l'un des suppléants du binôme FN dans le canton de la ville de Thouars. Et visiblement, le candidat frontiste ne semble pas très au fait de l’élection. Encore moins de son rôle exact dans le dispositif.
"La campagne électorale ? Non, je la fais pas. Je préfère la pêche. J'ai pris 4 carpes hier après-midi. Des petites", explique-t-il avec une sincérité déconcertante, avant de demander à nouveau :
Dans le canton voisin de Parthenay, Philippe Maurin n’en est quant à lui pas à sa première candidature FN. Ce qui ne l'empêche pas de s'emmêler lourdement les pinceaux.
"Un programme pour le département ? Non, des grandes lignes, c'est tout. On commencera par un audit. Après, on baissera les impôts et on fera des économies sur le train de vie des élus. Et puis, on augmentera les retraites. Ah non, ce n'est pas le département qui s'occupe de ça…"
Puis quand le journaliste lui demande par téléphone s’il se sent bien au FN, le candidat plonge un peu plus... dans le grand n'importe quoi. "On dit que le FN est un parti fasciste, mais moi je suis un humaniste dans l'âme […] Qu'est-ce que c'est que le fascisme ? C'est une forme de rigueur en toute chose…"
Une autre candidate, Lysiane Delage, militante depuis deux ans au FN, semble elle aussi ne pas savoir quoi répondre au téléphone.
"Le programme ? 'Il me demande le programme, je dis quoi ?'", demande-t-elle au bout du fil à une personne visiblement à ses côtés.
Enfin, le journaliste fait la connaissance de Jean Jay, une candidat dans le canton de Niort qui a une conception très simple du rôle d’un conseiller départemental. "Il faut réveiller la France. Elire des élus bénévoles. Le département, c'est de la gestion, du bon sens. C'est pour ça qu'on n'a pas trop de programme…" Voilà les électeurs prévenus.