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Le Blog de Daniel HUE le Crouycien
3 janvier 2015

En 2015, Bygmalion va encore empoisonner l'UMP et Sarkozy

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Bygmalion ? Connais pas... Personne à l'UMP n'a trop envie de se souvenir de cette société de communication ni des comptes de la campagne présidentielle de 2012, mais cette année, elle va encore empoisonner le parti et son champion Nicolas Sarkozy.

Les policiers de l'office anticorruption de la PJ (Oclciff) ont une conviction: "A la demande de l'UMP", Event et Cie, filiale de Bygmalion, a adressé au parti "des fausses factures à hauteur de 15.515.197,28 € hors taxes soit 18.556.175,95 € TTC courant 2012", détaille une source policière.

Le mobile ? Une "volonté délibérée de dissimuler les réelles dépenses" de la campagne pour ne pas crever le plafond légal de 22,5 millions d'euros. Le moyen ? Facturer des frais de la campagne à l'UMP, sous couvert de conventions. Ce qui est susceptible de relever de l'abus de confiance au préjudice de l'UMP mais aussi du financement électoral illégal.

Une incrimination qui concerne le candidat, puisque pour être poursuivi il suffit, selon le code électoral, qu'il ait "dépassé le plafond des dépenses électorales" ou fait état dans le compte de campagne "d'éléments comptables sciemment minorés".

Or, selon une source policière, "les paiements de ces factures n'auraient pas pu être effectués sans un accord (des) deux parties". Les cadres de Bygmalion ont reconnu un système frauduleux qui leur aurait été imposé. Mais à l'UMP, les déclarations des cadres rappellent la légende des trois singes de la sagesse qui ne voient, n'entendent ni ne disent rien.

- "Pygmalion ou Bygmalion" -

Brice Hortefeux a fait le délice des internautes en évoquant dans divers médias "Pygmalion ou Bygmalion", cette société dont il "prononce toujours très mal" le nom. Nicolas Sarkozy a affirmé avoir "appris le nom de Bygmalion longtemps après la campagne présidentielle".

Ceux censés tenir les cordons de la bourse de l'UMP ont parfois semblé tomber des nues devant les policiers. A les en croire, leur paraphe serait de peu de conséquence, certains expliquant "signer sans procéder à aucune vérification, voire sans regarder", résume un enquêteur.

Face à certains documents, le directeur général de l'époque Eric Cesari, surnommé l'"oeil de Sarko" au parti, s'est dit "scandalisé" en garde à vue. Sa directrice des ressources, Fabienne Liadzé, a regretté des "anomalies" qu'elle n'explique pas. Directeur de la communication, Pierre Chassat, également mis en examen, estime avoir été "manipulé, abusé par (sa) hiérarchie", et en ressort "abasourdi", avec "un sentiment de dégoût".

S'il a signé des engagements de dépenses "en ignorant totalement qu'ils puissent être faux", c'est parce qu'ils lui étaient communiqués "par les services" de Fabienne Liadzé. Mais si celle-ci signait, c'est parce que "travaillant en confiance avec (sa) hiérarchie", elle n'a "pas cherché à investiguer".

Eric Cesari ? "Ma signature est un automatisme, cela ne correspond à rien", a-t-il évacué, ajoutant qu'il n'avait "aucun lien avec les questions financières" de la campagne. Le trésorier du parti, le député Dominique Dord ? Il "se présentait souvent comme une machine à signer", selon une source policière.
Entendu au printemps, le seul politique à avoir reconnu un système de fausses factures, Jérôme Lavrilleux, pointé du doigt par Eric Cesari et Fabienne Liadzé, répond que les finances, ce n'était "pas (sa) partie".

- Sonnette d'alarme -

Pourtant, selon une source policière, "la répartition mise en place pour le meeting de Villepinte", avec une facturation moitié-moitié entre la campagne et une UMP au bord du gouffre financier, montre que les cadres "avaient parfaitement à l'esprit la problématique des frais de campagne".

La sonnette d'alarme avait été tirée le 7 mars 2012 par les experts comptables dans une note au patron de la campagne, Guillaume Lambert, et à son trésorier Philippe Briand. Les deux hommes, qui devraient être entendus, y étaient alertés sur l'absence de "marge de sécurité" et les "conséquences extrêmement graves d'un éventuel dépassement" du plafond. Une mise en garde répétée fin avril et également adressée "au candidat Nicolas Sarkozy", selon une source proche de l'enquête.

Celui-ci et le patron de l'UMP, Jean-François Copé, pouvaient-ils tout ignorer ? Personne ne les met en cause. Proche de Jean-François Copé, Jérôme Lavrilleux explique l'avoir laissé dans l'ignorance afin de ne pas le placer "dans une alternative impossible". Quant à Nicolas Sarkozy, "il est impossible qu'il en ait été informé", a-t-il dit.

Pour un enquêteur, la question mérite d'être de nouveau posée: "Curieusement, aucun des grands patrons n'est au courant. Cela paraît un peu gros..."

ng-arb/at/bd

 

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