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Le Blog de Daniel HUE le Crouycien
15 décembre 2014

Les pollinisateurs en déclin depuis le 19ème siècle

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Abeille

La raréfaction des insectes pollinisateurs, dont les abeilles, n’est pas une nouveauté. Selon une étude britannique publiée dans la revue Science, le phénomène trouverait ses origines à la fin du 19ème siècle, avec l’intensification de l’agriculture.

Observée dans tous les pays industrialisés, la surmortalité des abeilles résulte de nombreux facteurs, dont la destruction de l’habitat du fait de l’agriculture -qui occasionne une moindre présence de fleurs-, de plus nombreuses maladies, ainsi que de certains pesticides. Parmi ces derniers, les néonicotinoïdes, dont la toxicité pour ces insectes n’est plus à démontrer.

La raréfaction des abeilles et d’autres pollinisateurs est souvent perçue comme un phénomène récent, datant au plus de quelques décennies. A tort, révèlent Jeff Ollerton, biologiste à l’université de Northampton, et ses collègues : selon le registre de la BWARS [1], qui recèle près de 495.000 observations d’espèces britanniques d’abeilles et de guêpes depuis le milieu du 19ème siècle, ce déclin est bien plus ancien.

D’après l’analyse des 23 disparitions d’espèces britanniques recensées par le BWARS, une première phase de déclin survient dès la fin du 19ème siècle: entre 1874 et 1928, on compte 0,96 espèce éteinte par décennie, contre 0,21 pour la période 1850-1874. Les chercheurs y voient l’effet d’un usage massif de guano d’Amérique du Sud, puis d’engrais de synthèse, qui ont permis une moindre rotation des cultures.

Une accélération à la fin des années 1920

Mais c’est sur la période 1928-1958 que les pollinisateurs ont le plus souffert, avec un taux d’extinction s’élevant à 3,46 espèces par décennie. «Cet effet peut être attribué à l’intensification de l’agriculture après la première guerre mondiale, ainsi que pendant et après la deuxième guerre mondiale», expliquent les chercheurs.

Bien que l’agriculture n’ait cessé de devenir plus intensive, le déclin des pollinisateurs s’est atténué par la suite, à raison de 0,98 espèce disparue par décennie entre 1958 et 1986. «Ce ralentissement pourrait s’expliquer par le fait que les espèces les plus sensibles avaient déjà disparu, ou par le succès d’initiatives de préservation des espèces», avance l’équipe.

Difficile de dire ce qu’il en est désormais. Depuis 1971, on ne compte «que» 4 extinctions, toutes survenues entre 1988 et 1990 –sans que l’on n’ait aucune explication à ce sujet. Ce qui vaut à la période 1986-2013 le taux de disparition le plus élevé depuis l’existence du BWARS (5,48 espèces par décennie), bien qu’aucune disparition n’ait été recensée depuis 1990.

Selon les chercheurs, seul l’avenir dira ce qu’il en est: «ces quatre extinctions pourraient très bien former un évènement isolé dans une période qui n’en comptait pas depuis 1971. Sinon, elles pourraient très bien marquer le début d’une nouvelle période à taux élevé d’extinction».

L’effet incertain du réchauffement

«Cette perte de biodiversité chez les pollinisateurs présente de profondes origines historiques, liées aux transformations de l’utilisation des sols, notamment aux changements de pratiques agricoles», conclut l’équipe.

Le réchauffement climatique en cours pourrait compliquer la situation, en fragilisant les espèces autochtones, mais en favorisant l’implantation de nouvelles espèces. Tel est déjà le cas pour le bourdon des arbres (Bombus hypnorum) et l’abeille du lierre (Colletes hederae), originaires d’Europe continentale mais qui progressent depuis peu sur le sol britannique.

Autre conséquence du réchauffement, l’arrivée de nouveaux parasites d’abeilles : provenant d’Afrique subsaharienne, le petit coléoptère des ruches (Aethina tumida) a pour la première fois été détecté en Europe en septembre, dans un rucher de Calabre. D’autres foyers ont depuis été découverts dans cette région du sud de l’Italie, faisant craindre une rapide extension au reste de l’Europe.

[1] Bees, Wasps and Ants Recording Society.

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