Le futur PDG d'EDF souhaite un rééquilibrage des tarifs de l'électricité

Le futur PDG d'EDF a plaidé mardi pour un rééquilibrage des tarifs réglementés de l'électricité dont les hausses insuffisantes pénalisent le groupe, en détaillant sa feuille de route dans laquelle la transition énergétique aura une place centrale via le développement des services énergétiques.

"A mes yeux, un rééquilibrage tarifaire s'impose", a déclaré Jean-Bernard Lévy lors d'une audition devant la commission des Affaires économiques du Sénat, avant d'enchaîner à l'Assemblée.

"Le premier enjeu, c'est d'assainir, d'améliorer la situation économique du groupe EDF. Nous constatons aujourd'hui des retards préoccupants sur les trajectoires réelles des tarifs par rapport aux trajectoires qui avaient pourtant été convenues avec l'Etat", a précisé celui qui assure depuis dimanche l'intérim à la tête du géant électrique en remplacement d'Henri Proglio.

Sa nomination officielle interviendra mercredi en conseil des ministres, avant la publication d'un décret présidentiel.

"Retards préoccupants sur les tarifs de détail - le tarif régulé de vente-, mais aussi sur les tarifs de gros comme l'Arenh. Ces écarts conduisent EDF à augmenter sans cesse sa dette. Comme vous le savez sans doute (...), chaque année, c'est l'endettement qui permet de payer le dividende" aux actionnaires d'EDF, dont l'Etat à hauteur de 84,5%, a-t-il ajouté.

Les tarifs réglementés de l'électricité pour les particuliers ont augmenté de 2,5% le 1er novembre, conséquence de l'application d'une nouvelle formule de calcul et d'un rattrapage tarifaire sur les tarifs appliqués en 2012 et 2013.

Cette augmentation est intervenue après le gel d'une hausse de 5% prévue au 1er août par le gouvernement, qui souhaitait une progression plus modérée de ces tarifs afin de préserver le pouvoir d'achat des consommateurs après un mouvement de même ampleur à l'été 2013.

Le gouvernement avait aussi annoncé début novembre avoir reporté de six mois, au 1er juillet 2015, la réévaluation du prix de l'Arenh, un dispositif qui oblige EDF à revendre à ses concurrents jusqu'à un quart de l'électricité produite par son parc nucléaire français.

"La situation pour EDF est difficile s'il n'y a pas des augmentations de tarifs qui permettent d'engager les investissements qui sont nécessaires", a insisté M. Lévy, jusqu'ici aux commandes du groupe d'électronique et de défense Thales.

EDF poursuivra par ailleurs son développement en tirant profit de la transition énergétique pour se renforcer dans le secteur en croissance des services énergétiques via sa filiale Dalkia.

"La transition énergétique, c'est une opportunité essentielle pour EDF", a expliqué M. Lévy. "EDF en sera un acteur majeur".

"Dans le cadre de la transition énergétique, mon projet serait d'abord qu'EDF puisse être un acteur important des nouveaux services énergétiques", a-t-il précisé, rappelant que ce marché enregistrait une croissance annuelle moyenne de 5 à 10% en Europe.

"La transition énergétique, tout comme la transition numérique, qui impacte directement nos activités et nos métiers, est une opportunité enthousiasmante pour innover, pour développer de nouveaux savoir-faire, de nouveaux produits, de nouveaux services".

Le dirigeant a aussi dit vouloir faire d'EDF un acteur majeur des énergies renouvelables, un secteur où il est déjà présent via sa filiale EDF Energies Nouvelles, tout en réussissant "le renouvellement et l'optimisation du parc nucléaire" français, qui offre aux consommateurs une électricité décarbonée à prix modéré.

En matière nucléaire, Jean-Bernard Lévy a souhaité aussi qu'"une période de coopération sincère" s'amorce entre EDF et Areva, dont le président pressenti, Philippe Varin, vient d'être nommé administrateur du groupe électrique.

A l'international, il entend "concentrer les efforts d'EDF sur quelques pays stratégiques", dont la Chine, et "conforter" les positions du groupe en Europe.

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