L'UMP suspendue à l'entrée en scène de Sarkozy
A trois mois du congrès qui doit désigner le nouveau président du parti, les ténors rentrent en ordre dispersé. Tout est suspendu à la décision de Nicolas Sarkozy.
C'est une curieuse rentrée qui se prépare à l'UMP. Alors que François Hollande affronte une crise politique majeure qui vient de le contraindre à dissoudre son gouvernement, la droite n'apparaît guère en mesure d'en tirer un quelconque profit. Le parti est surendetté, le climat reste délétère parmi ses cadres et, à trois mois du congrès qui doit permettre d'élire un nouveau président, il est toujours en quête d'un chef.
En annonçant la semaine dernière qu'il était candidat... à la primaire pour 2017, Alain Juppé n'a pas vraiment contribué à clarifier les choses.
«Notre situation est paradoxale, admet Roger Karoutchi. Le parti est plutôt en bonne santé électorale, du fait de la faiblesse de la gauche, et on peut espérer reprendre le Sénat en septembre. Mais il n'est pas en bonne santé interne, parce que le doute est très fort». Tellement fort que chacun a finalement prévu de rentrer en ordre dispersé, au risque de laisser apparaître une fois de plus des voix discordantes.
A chacun son campus
Aujourd'hui, François Fillon effectuera ainsi son retour médiatique en réunissant ses soutiens chez lui, dans la Sarthe, tandis que les Jeunes Populaires de l'UMP organisent ce week-end au Touquet (Pas-de-Calais) un campus où Luc Chatel, Xavier Bertrand, Bruno Le Maire et encore Hervé Mariton sont annoncés. Une semaine plus tard, deux villes se disputeront la tribune en accueillant au même moment leur propre campus de rentrée : La Baule (Loire-Atlantique) et Nice (Alpes-Maritimes). «Cette rentrée morcelée, c'est forcément regrettable et pas le meilleur signe pour afficher un signe d'unité, déplore le député du Nord Gérald Darmanin, qui en a vu d'autres. En même temps, ce n'est pas ce qu'on a connu de pire ces derniers temps»...
Le piège de la dissolution
Avec l'épisode du remaniement et la violente contestation interne que doit affronter François Hollande, la droite se met soudainement à repenser au scénario de la dissolution... et donc d'une éventuelle cohabitation en cas de succès. Dès lundi, Eric Woerth, Eric Ciotti ou encore Marc-Philippe Daubresse ont évoqué cette possibilité. «Le dernier épisode gouvernemental rend désormais crédible cette hypothèse à laquelle je ne croyais pas auparavant», reconnaît également Jérôme Chartier.
Mais hier, Luc Chatel, secrétaire général par intérim, a préféré rejeter ce scénario. Il est vrai qu'en pleine reconstruction l'UMP reste encore meurtrie par deux ans de guerre intestine et l'affaire Bygmalion est encore loin d'avoir atteint son épilogue. «Et puis, vu l'état actuel du pays, c'est le meilleur cadeau empoisonné qu'on puisse nous faire avant 2017», reconnaît un cadre du parti.
La fin du feuilleton de l'été
Bruno Le Maire et Hervé Mariton ont beau s'échiner depuis des semaines à défendre leur candidature à la présidence de l'UMP, le parti est à ce jour suspendu à la déclaration de candidature de Nicolas Sarkozy. Tout juste rentré hier de ses vacances à Bali, l'ancien chef de l'Etat a retrouvé cette semaine ses bureaux de la rue de Miromesnil (Paris VIII e) pour affiner son come-back.
«Il est reposé, très calme et assez serein», affirme son entourage qui précise qu'il va prendre le temps de la rentrée. En clair, pas de précipitation, «et surtout pas au moment où la gauche est en pleine tempête», ajoute un visiteur régulier, qui reconnaît que «médiatiquement, la fenêtre de tir est au moins bloquée jusqu'à la semaine prochaine, pas avant». Voire un peu plus tard, car Sarkozy ne devrait pas répondre aux invitations du Touquet, de La Baule et de Nice pour annoncer sa candidature. «Il ne donnera pas de décision dans un cadre militant, mais d'une manière plus générale, ajoute un proche. Car son retour concerne avant tout son rapport à la France et aux Français».