Seine-et-Marne : vent de protestation contre six éoliennes

Un projet d'installation d'éoliennes productrices d'électricité est en cours d'instruction à la préfecture. Des défenseurs du patrimoine s'opposent à ce qui pourrait être le premier parc du département.

Seront-elles les premières de Seine-et-Marne ? Un projet de construction de six éoliennes sur le territoire de la commune d'Arville, qui compte136 habitants, à l'ouest de Château-Landon, a été déposé à la préfecture. Six éoliennes de plus de 100 m de haut pourraient voir le jour en pleine nature. Munies chacune de trois pales de plus de 40 m, elles développeront une puissance globale de 12 à 15 MWh pour le parc, soit la consommation domestique d'électricité de plus de 12000 habitants.

Une enquête publique sera menée du 10 septembre au 11 octobre. Chacun pourra consulter le dossier du projet à la mairie et apporter ses observations.

Des défenseurs du patrimoine, qui ont déjà retardé différents projets dans les environs, s'opposent à ce nouveau programme. «Les installations de ce type défigurent le paysage, s'insurge Angelo Vigorito, président de l'Association pour la protection du Gâtinais-Sud (APPGS). Si on laisse les six premières s'installer, je suis certain qu'il y en aura cent de plus dans la région d'ici quelques années».

Composée de plusieurs centaines de membres, l'APPGS est déjà parvenue à faire capoter différents projets. L'association compte bien revenir à la charge contre les éoliennes d'Arville si l'enquête publique les approuve.

Le plateau du Gâtinais est une «zone favorable» à l'installation d'éoliennes, selon le rapport remis par le promoteur, Delta Wind, à la préfecture. Les vents soufflent de façon constante à une vitesse de 20 km/h sur ce plateau situé à 100 m d'altitude. De plus, le parc d'Arville n'est pas proche d'une zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique (Znieff). Mais le document remis aux autorités fait aussi état de nombreux inconvénients. En ce qui concerne les oiseaux, l'impact de la construction serait «de fort à moyen selon le type d'espèce». Aussi, «des mesures d'accompagnement sont nécessaires». «Ces éoliennes ne créeront pas d'emploi ici, gronde Angelo Vigorito. Au final, les exploitants risquent d'abandonner le site lorsque l'Etat ne rachètera plus l'électricité au prix fort. Et peu d'argent sera reversé localement». Une dernière accusation battue en brèche par les chiffres diffusés par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe). Dans son guide intitulé «Dans l'air du temps, l'énergie éolienne», l'Ademe indique que chaque MWh éolien rapporte 6000 € par an à la commune, autant au département et 1200 € à la région. Soit pour Arville, la perspective de récolter 72000 à 90000 € par an.