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Le Blog de Daniel HUE le Crouycien
20 novembre 2012

Pourquoi la France sera encore dégradée

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Alors que l’agence Moody’s vient de retirer à la France son triple A, les experts financiers du Programme des Nations unies pour l’environnement suggèrent d’éclairer l’analyse économique à la lumière de la disponibilité des ressources naturelles. Ce qui n’assure pas pour autant un meilleur classement à l’Hexagone…

Les sols disponibles qui se réduisent, les forêts qui rétrécissent, les ressources halieutiques qui fondent, mais les coûts des ressources qui grimpent… Ces évolutions ont la capacité de fragiliser fortement l’économie d’un Etat, et de réduire sa capacité à rembourser ou à refinancer sa dette. L’avertissement est donné par un nouveau rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue), publié le 19 novembre.

En résumé, une meilleure transparence sur la façon dont un pays gère ses ressources naturelles n’a pas seulement des conséquences sur son attractivité immédiate auprès des investisseurs, mais aussi sur sa capacité à gérer sa dette. Pourtant, cette question est en général exclue des prévisions économiques, soulignent les auteurs.

«Nous assistons à un changement de paradigme en raison de la rareté des ressources naturelles, avec de profondes implications sur les économies et par conséquent sur les risques de dettes au niveau mondial», a déclaré le directeur exécutif du Pnue, Achim Steiner, lors de la présentation du rapport à Londres.

La réaction des Etats qui s’impose doit être «une meilleure compréhension de la relation entre le risque environnemental et le risque de crédit. C’est seulement dans ce cadre que les investisseurs, les agences de notation et les gouvernements seront en mesure de planifier efficacement la santé économique à long terme», a-t-il poursuivi.

L’Argentine, les Etats-Unis et les pays de la zone euro, comme l’Espagne, la Grèce et l’Italie, ont vu leur dette se dégrader fortement depuis 2011. Les révisions à la baisse des coûts d’emprunt, associées aux risques monétaires, ont conduit de nombreux experts à demander des indicateurs plus précis, en particulier sur l’état des ressources naturelles, pour saisir au plus près la réalité économique d’un Etat.

Le rapport E-risc du Pnue élabore ainsi un nouveau modèle d’analyse, permettant d’approfondir l’évolution du PNB. Un modèle qui se base avant tout sur «l’empreinte écologique» d’un pays (la superficie nécessaire pour subvenir à ses besoins en terre et en eau, et pour absorber ses déchets), comparée à sa biocapacité (la superficie effectivement disponible pour assurer ces fonctions).

Mais ce cadre analytique intègre aussi d’autres critères: la tendance liée à la disponibilité des ressources et à leur utilisation, l’exposition aux risques (c’est-à-dire la dépendance de l’économie par rapport à ses ressources naturelles), et enfin la résilience du système financier face à ces risques.

Par exemple, une variation de 10% du prix des matières premières peut jouer sur la balance commerciale à hauteur de plus de 0,5% du PIB.

Autre hypothèse: une baisse de 10% de la productivité des ressources naturelles comme les pâturages et les forêts peut engendrer un déficit de la balance commerciale de 4% du PIB, lié à la hausse conséquente des importations.

Pour illustrer sa démarche, la direction financière du Pnue, en collaboration avec le Global Footprint Network, a étudié 5 pays au prisme de ces nouveaux critères. Les experts observent que la France demande 1,4 fois plus de ressources qu’elle n’est en mesure d’en fournir (en comparaison, l’Inde en demande 1,8 fois plus). Une demande qui n’a cessé de s’accroître au cours des 10 dernières années. Moins vulnérable aux prix des produits de base, l’Hexagone reste très exposé aux fluctuations des carburants fossiles. Il est par ailleurs jugé peu résilient face aux risques liés aux ressources naturelles en raison de l’importance de sa dette et de son déficit budgétaire.

Invités à revoir leurs indicateurs économiques, les Etats peuvent selon le Pnue s’inspirer d’initiatives intéressantes, comme le premier réseau national d’empreinte écologique mis au point aux Philippines, ou encore l’engagement de l’Equateur à adapter son empreinte écologique à ses ressources naturelles. Un engagement intégré dans son plan national de développement. 

http://www.unep.org/newscentre/Default.aspx?DocumentID=2698&ArticleID=9332&l=en

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