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Le Blog de Daniel HUE le Crouycien
9 décembre 2011

Valérie Pécresse a le sens politique d’une huitre : enlever des crédits au logement d’urgence pour acheter des gilets pare balle

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Tout le monde peut comprendre la nécessité de réduire les dépenses publiques. Mais il est plus difficile de comprendre comment la Ministre du Budget peut proposer de réduire les crédits du fonds d’aide au relogement d’urgence pour les transférer à l’aide à l’équipement des polices municipales en gilets pare balle.

C’est pourtant ce qu’a fait Valérie Pécresse lors de la séance plénière de l’Assemblée Nationale débattant le 2 Décembre du Projet de loi de finances rectificative pour 2011, comme le compte rendu officiel le mentionne. Nous reproduisons intégralement cette partie de la discussion nocturne.

Mme la présidente. Je suis saisie d’un amendement n° 439 portant article additionnel après l’article 23.La parole est à Mme la ministre.

Mme Valérie Pécresse, ministre. Il s’agit de soutenir les communes pour l’acquisition de gilets pare-balles destinés à équiper les polices municipales. Il est donc proposé d’élargir les missions du fonds d’amorçage pour l’équipement des communes au titre du procès-verbal électronique institué l’année dernière et doté de 7,5 millions d’euros.

M. Jean-Pierre Brard. Quel rapport entre le procès-verbal électronique et les gilets pare-balles ?

Mme Valérie Pécresse, ministre. Cette dotation sera complétée par 2 millions d’euros prélevés sur les excédents du fonds d’aide au relogement d’urgence.

Mme la présidente. Quel est l’avis de la commission ?

M. Gilles Carrez, rapporteur général. Je ne suis pas favorable à cet amendement, madame la ministre. On financerait ces gilets pare-balles en prélevant 2 millions d’euros sur le fonds pour le relogement d’urgence. Franchement, ce n’est pas possible. Je sais bien que le FARU a un excédent, que l’on a d’ailleurs déjà utilisé pour abonder la DGF. Mais aller prélever de l’argent destiné au relogement d’urgence pour financer des gilets pare-balles, même si ce sont ceux des polices municipales, non !

Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre.

Mme Valérie Pécresse, ministre. Le fait est que les 5 millions d’euros prélevés sur le FARU ne seront pas dépensés d’ici la fin du mois. Nous pensons qu’ils seraient mieux utilisés dans le cadre de l’acquisition des gilets pare-balles. Ces crédits nous ont été demandés par les communes. Vous savez combien il est difficile…

M. Gilles Carrez, rapporteur général. Qu’ils les trouvent sur les crédits ad hoc.

Mme Valérie Pécresse, ministre. Monsieur le rapporteur général, pour moi, en tant que ministre du budget, chaque euro doit être dépensé. Voilà, c’est tout.

Mme la présidente. La parole est à M. Jean-Pierre Brard.

M. Jean-Pierre Brard. Cette proposition est invraisemblable. Je ne sais pas lequel de vos conseillers a eu cette idée, madame la ministre, mais si nous décernions comme le Canard enchaîné des « Noix d’honneur », il y aurait droit ! Vis-à-vis de l’opinion, vis-à-vis des associations, troquer des crédits destinés au relogement d’urgence contre des gilets pare-balles… Si encore, madame la ministre, vous aviez proposé, compte tenu de la situation dramatique des SDF, de troquer une partie des crédits pour le relogement d’urgence contre des couvertures chauffantes, j’aurais compris. Mais contre des gilets pare-balles, non ! Le ridicule a ses limites, même si je sais comme vous tous que, depuis Mme de Sévigné, il ne tue plus, hélas !

Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre.

Mme Valérie Pécresse, ministre. Comme l’heure est tardive et que les députés ont le droit de rentrer chez eux pour le week-end – même si les ministres, dont la ministre du budget, devront être présents au Sénat, puisqu’il siègera demain et dimanche –,…

M. Jean-Pierre Brard. Vous avez toute notre compassion, madame la ministre.

Mme Valérie Pécresse, ministre. …et compte tenu du souci que vous exprimez de ne pas toucher aux excédents, qui ne seront pas dépensés, du fonds d’aide au relogement d’urgence, je vous propose de rectifier l’amendement et de simplement élargir les missions du fonds d’amorçage pour l’équipement des communes au titre du procès-verbal électronique institué l’année dernière et doté de 7,5 millions d’euros, sous plafond du fonds d’amorçage du procès-verbal électronique.

Que nous constations que des crédits destinés au logement d’urgence n’aient pas été dépensés ne peut qu’étonner, vu l’ampleur des besoins restés non couverts. Mais que la Ministre ne se soit pas rendue compte du côté symbolique du prévèlement de sommes affectées au logement d’urgence pour les mettre sur le financement de gilets pare balles montre qu’elle a le sens politique d’une huitre. Heureusement pour elle, Gilles Carrez, Député UMP du Val de Marne, a pris conscience de l’absurdité de cette proposition, et évité à la Ministre de continuer à se fourvoyer. Mais pour le ridicule, c’était trop tard.

La caricature de Daniel Hue

Valérie Pécresse huitre

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