Dessins de presse ... à la Bibliothèque Nationale de France

L'aventure des dessins de presse de Louis-Philippe à nos jours. La Bibliothèque Nationale de France rend hommage à l’information dessinée et à son impertinence.

Une centaine de dessins de presse du XIXe siècle à nos jours à découvrir à la BnF, à Paris : voilà de quoi mettre en lumière un journalisme particulier, où la plume se voit remplacée par les crayons, feutres et autres gouaches. Le ton du dessin de presse ? Révolté, emprunt d’humour, plein de dérision, sérieux ou débordant de fantaisie. Grâce à l’obligation de dépôt légal des documents imprimés, cette iconographie riche, liée à l’actualité, peut être admirée au cœur d’une exposition à découvrir d’urgence.

De Daumier à Plantu

Le dessinateur de presse aime le portrait et la caricature. Le genre devient en vogue dès 1890 ; cette mode ne faiblit pas avec l’avènement de En 1962, Siné crée le journal « Siné massacre » dont la première couverture représente le Général de Gaulle la bouche ouverte, hurlant, avec une bombe sur le point d’y entrer. Neuf numéros et neuf procès plus tard, le journal disparait. Cette première section de l’exposition s’avère particulièrement passionnante avec Cabu et son personnage du Grand Duduche ou son fameux Beauf qui deviendra un nom commun. En 2000, un dessin de Plantu représente Jacques Chirac en serpent susurrant « mangez des pommes » pour évoquer l’affaire des emplois fictifs de la Mairie de Paris. Les portraits dessinés résument souvent des mois d’actualité en une seule image.

la Ve République. La colère des caricaturés se révèle tout aussi constante. Le roi Louis-Philippe fit ainsi condamner les dessinateurs Philipon et Daumier pour l’avoir représenté en Gargantua. Ils persistèrent par des dessins où le roi apparait sous forme de poire.

Portraits et caricatures

Les autres sections du parcours mettent en lumière le dessin judiciaire : qu’il s’agisse de Paul Renouard couvrant l’affaire Dreyfus, de David Wasserman donnant à voir Christine Villemin lors de la réouverture de l’enquête en 2008, de l’affaire Clearstream ou du procès Papon, les dessinateurs de presse aiment à croquer les palais de justice. Deux sections sont consacrées aux faits politiques et de société : l’inspiration est féroce, jubilatoire, pour illustrer les effets pervers du libre échange, les congés payés ou la question des sans papiers (Plantu). Ainsi, ce dessin de Wolinski, en 1978 : « Exposition d’un français moyen », où ledit français porte des vêtements asiatiques, un appareil photo allemand, regarde des programmes télé américains... Une salle consacrée à Tim, qui a publié pendant trente ans dans le magazine « L’Express », donne à voir son travail rassemblé dans ses carnets de croquis (jusqu’au 18 avril).